Les livres et les matériels éducatifs pour l’éducation en Afrique

L’AFRIQUE est un continent dont les ressources, les terres arables, les minéraux, le pétrole, les lacs et les rivières sont vastes, pourtant ses pays comptent parmi les plus pauvres du monde. L’Union africaine a élaboré l’Agenda 2063 et la vision de l’Afrique qu’elle veut dans 50 ans, la dédiant à nouveau à la vision panafricaine d’une Afrique intégrée, dirigée par ses citoyens et représentant une force dynamique sur la scène internationale. 

L’Agenda 2063 est ancré dans le panafricanisme et la renaissance africaine et fournit un cadre solide pour aborder les injustices passées et faire du 21ème siècle le siècle de l’Afrique. L’Agenda 2063 appelle l’Afrique à investir dans les compétences, la science, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques, de sorte que les hommes et les femmes du continent puissent diriger le programme de développement du continent. À cet égard, le programme a établi des étapes clés pour les domaines prioritaires, qui feront de cette vision une réalité. Citons parmi ces priorités la nécessité d’investir dans les populations africaines, qui sont sa ressource la plus précieuse. Selon l’Agenda 2063, les ressources des Africains incluent leur santé, la nutrition, l’accès à un abri, l’assainissement et l’eau ainsi qu’accroitre la qualité de l’éducation et renforcer la science, la technologie, l’innovation et la recherche. 

S’il est correctement mis en œuvre sur tous les fronts, l’Agenda 2063 constituera un changement de paradigme pour le continent. Une fois que nous aurons élaboré le cadre proposé qui harmonisera l’exécution de l’Agenda 2063 avec les Objectifs mondiaux de développement durable (Agenda 2030), la mise en œuvre des deux programmes sera cohérente et aura certainement un impact significatif. 

Ce onzième numéro du NewsJournal a pour thème « Les livres et les matériels éducatifs pour l’éducation dans les écoles africaines ». Les pays africains et leurs par tenaires de développement ont investi considérablement dans l’éducation et la formation depuis les années 1960, époque à laquelle beaucoup de ces pays ont obtenu leur indépendance politique. Cependant, la qualité de la prestation éducative reste un problème, en partie en raison de la grave pénurie de matériels éducatifs de qualité dans beaucoup de nos écoles. Nombreux sont ceux qui ont soutenu que l’Afrique n’est toujours pas sur la voie de réaliser l’enseignement primaire universel, qui était l’Objectif 2 des précédents Objectifs du Millénaire pour le développement, ce malgré toutes les interventions des gouvernements africains et de leurs partenaires. L’augmentation des taux d’admission initiale et de scolarisation a été significative et remarquable compte tenu des faibles revenus nationaux, des taux élevés de croissance démographique, des niveaux élevés de conflits et de maladies sur le continent. L’impact de ces réalisations a été réduit par la persistance du taux élevé d’abandon dans l’enseignement primaire, aggravé par la mauvaise qualité de la prestation éducative. Il existe également d’énormes disparités liées au handicap, au lieu de résidence et aux revenus. Le Rapport mondial de suivi (RMS) sur l’Éducation pour tous (EPT) 2009 qui portait sur le thème de l’inégalité a indiqué que « de trop nombreux enfants reçoivent un enseignement de si mauvaise qualité qu’ils quittent l’école sans avoir acquis les compétences de base en lecture et en calcul ». Cette situation persiste aujourd’hui. 

Nous constatons que pour être compétitifs et avoir une chance de trouver un emploi décent au niveau national, régional ou mondial, les jeunes Africains doivent acquérir les connaissances et les compétences à travers l’enseignement primaire et l’enseignement supérieur, y compris la formation technique et professionnelle. Une analyse critique de la situation actuelle de l’éducation dans la région a conduit les parties prenantes à penser qu’il semble que l’accent a été trop mis sur les chiffres de la scolarisation, plutôt que sur la fréquentation scolaire et la pertinence de l’éducation. 

La fourniture de manuels scolaires dans nos établissements d’enseignement doit être une condition obligatoire. Dans les pays en développement, dont les enseignants ne sont pas formés, le livre est l’outil le plus important, si ce n’est le seul support du curriculum. Sans manuel scolaire, les compétences, les concepts et le contenu exigés par le curriculum ne peuvent pas être enseignés.

En l’absence de toute autre source d’information largement accessible, le manuel scolaire est aussi la source la plus importante de contenu et d’information pédagogiques pour l’enseignant, et souvent la seule. 

Puisque les manuels scolaires et les matériels éducatifs ont un impact direct sur ce que les élèves apprennent à l’école et sur la manière dont ils l’apprennent, la conception du curriculum et les matériels curriculaires sont des questions sensibles, qui revêtent une importance politique considérable. C’est pour cette raison que le secteur du livre dans les pays industrialisés reçoit des subventions directes et indirectes. Il est toujours nécessaire de disposer d’un mécanisme pour réviser et contrôler la qualité des matériels éducatifs utilisés dans les classes en matière de pertinence, de contenu, d’approche éducative et d’efficacité, ainsi que pour s’assurer que la fourniture de matériels éducatifs reflète les politiques nationales. La mise en œuvre des politiques éducatives, l’équité et l’adoption de stratégies peu coûteuses pour la conception et la production des matériels didactiques commencent là.

Il n’existe pas de solution unique pour la fourniture de matériels éducatifs de base, mais de nombreuses solutions sont possibles, selon la différence du niveau de développement atteint. La fourniture de matériels éducatifs diffère d’un pays à l’autre et diverses approches sont employées. Si certains pays s’efforcent de mettre en place des mécanismes pour produire des matériels curriculaires pertinents, d’autres se concentrent sur les questions de durabilité institutionnelle et le rôle du gouvernement. Tandis que certains partenaires de développement recommandent le retrait du secteur public de la production des matériels éducatifs de base, d’autres fournissent gratuitement des livres ou soutiennent l’établissement ou le développement des presses gouvernementales.

Cette diversité illustre toute la complexité de cette question et indique les difficultés auxquelles sont confrontés les planificateurs des programmes d’éducation de base. Les problèmes sont de deux sortes : ceux qui concernent le contenu, la présentation, l’utilisation et la fourniture, et ceux qui concernent les aspects techniques et financiers de la production, de la distribution et du financement.

Les stratégies et les politiques adoptées par un gouvernement pour répondre à la demande de manuels scolaires et d’autres matériels éducatifs devraient être déterminées par une politique nationale de fourniture des matériels éducatifs pour les écoles ainsi que pour les programmes non formels, cette politique faisant partie intégrante d’une politique nationale plus large du livre.

Si nous voulons aborder la qualité de l’éducation à moyen et à long terme pour atteindre les objectifs de l’Agenda 2063, nos planificateurs de l’éducation doivent prendre en compte les aspects suivants de la fourniture des livres, séparément ainsi que la manière dont ils s’affectent mutuellement :

  • Les objectifs, à moyen et à long terme, de la fourniture de matériels éducatifs aux différents niveaux de l’enseignement ;
  • Les questions politiques : langue(s) d’instruction, curricula, accès, normes aux différents niveaux de l’enseignement, économie et implication du secteur privé ;
  • Les questions éducatives : conception des curricula et du texte (questions de contenu, pertinence, approche éducative, médias et présentation), formation des enseignants, évaluation des besoins et intégration des conditions d’examen ;
  • La planification, la gestion et le suivi du processus : qui et comment, et les modalités et la délégation de responsabilité ;
  • La durabilité économique : moyens de financement et recouvrement des coûts, rôle du secteur privé, abordabilité et viabilité économique ; questions industrielles/techniques : conception, production et distribution (vente) des matériels éducatifs ;
  • La durabilité professionnelle : recherche, renouvellement, information, formation et évaluation des besoins ;
  • Le développement des compétences : concepteurs de curriculum, écrivains, illustrateurs, graphistes, typographes, imprimeurs, enseignants et distributeurs ;
  • L’environnement de la lecture : la disponibilité de matériels de lecture supplémentaires dans les bibliothèques et le marché, et l’économie générale, la capacité d’achat et l’abordabilité ;
  • Les aspects juridiques : le droit d’auteur et les autres instruments internationaux comme l’Accord de Florence et son Protocole, ainsi que la législation locale concernant l’édition scolaire.