Enseignement des sciences et des mathématiques en Afrique
En cette seconde décennie du 21ème siècle, le taux de croissance du continent africain reste impressionnant et ses économies continuent à se développer plus rapidement que celles de presque toutes les autres régions du monde. Au moins une douzaine de pays d’Afrique subsaharienne ont connu une croissance annuelle supérieure à 6% au cours des six dernières années ou plus. Selon la Banque mondiale, une grande partie de cette croissance n’a pas été transformée en prospérité pour les masses africaines. Récemment, le débat public sur l’Afrique a porté principalement sur les questions touchant à la gouvernance, la responsabilité et la transparence dans les domaines du leadership politique et de la direction d’entreprise. Il va sans dire que ce sont des questions absolument cruciales.
Cependant, elles ne pourront pas être pleinement réalisées, si l’on ne répond pas de manière appropriée aux questions relatives à l’éducation, au développement des compétences et à l’éthique sur le continent. Il existe une forte corrélation entre la qualité de l’éducation, le développement des compétences, la bonne gouvernance, la responsabilité et la transparence en matière de politique et de développement économique et social. Plus précisément, nous devons réfléchir davantage à introduire un enseignement des sciences, des mathématiques et de la technologie qui soit originaire d’Afrique et qui aura la capacité d’être comparable et de rivaliser avec le reste du monde.
Alors que le reste du monde continue de connaître des mutations et des changements en matière de science, de technologie et de principes organisationnels ainsi que l’invention de nouveaux biens et services dans différentes formes de développement social, l’Afrique a été plus lente à bien répondre à ces transformations. Traditionnellement, ces dernières supposent d’acquérir les capacités permettant de répondre positivement et en temps opportun aux défis et aux opportunités produits par les changements. Elles impliquent également d’être capable de prédire et de se préparer aux futurs ajustements liés aux nouveaux défis et opportunités. Pour plusieurs raisons, l’Afrique n’a pas réussi à participer aux changements et aux échanges des marchés mondiaux de biens et services, et aux idées et nouvelles façons de faire. Dans une certaine mesure, l’ensemble des conséquences résultant de l’incapacité ou de la réticence à répondre aux changements a eu tendance à isoler l’Afrique et les Africains des événements mondiaux majeurs. L’Afrique est devenue de plus en plus isolée, puis elle a cessé de participer activement au marché mondial, devenant la victime des changements et des défis se produisant au niveau mondial. De fait, le continent devient rapidement le réceptacle des idées et des façons de faire d’autres personnes et de leurs biens et services. La capacité des Africains à répondre aux changements mondiaux, aux défis, aux possibilités et aux opportunités, à mesure que nous avançons dans le 21ème siècle, déterminera leur survie en tant que peuples distincts ayant leurs propres cultures et civilisations à vivre, soutenir, promouvoir et défendre. Nous devons ici souligner l’importance d’un enseignement généralisé au niveau continental, et plus particulièrement dans les domaines des mathématiques, des sciences et de la technologie.
Depuis des décennies maintenant, les Africains ont reconnu que les sciences, les mathématiques et la technologie étaient le fondement du développement et de la prospérité du continent. À défaut d’utiliser et de gérer habilement la science et la technologie, les pays africains ne pourront pas connaître une prospérité économique complète. Il s’ensuit que le continent a besoin de ressources humaines compétentes en sciences, en mathématiques et en technologie.
L’image négative représentant l’Afrique comme un continent confronté à de graves difficultés et ses populations comme étant incapables de résoudre leurs problèmes est affligeante. On peut combattre ces images par l’éducation, et notamment encore par un enseignement des mathématiques, des sciences et de la technologie mettant l’accent sur le développement des compétences scientifiques et technologiques. L’incapacité à les combattre pourrait non seulement continuer à induire en erreur le reste du monde, mais plus grave encore, pourrait amener les jeunes Africains à douter de leurs propres capacités et affecter l’estime qu’ils ont d’eux-mêmes. Cela pourrait compromettre leur rôle de levier du changement en vue d’un avenir alternatif meilleur pour le continent. Les Africains doivent commencer à développer les capacités requises en mathématiques, en sciences et en technologie pour répondre aux changements nécessaires. Dans le cas contraire, la marginalisation de l’Afrique des activités mondiales majeures, comme les affaires, la politique, la science et la technologie, s’accélérera.
En général, l’enseignement des sciences et des mathématiques peut jouer un rôle important dans le développement d’un individu et d’une nation. Les valeurs, la philosophie, les pratiques et la perspective de la science pour interpréter la nature font partie de l’enseignement de la science. Si l’on en croit les évolutions actuelles se produisant dans le monde, la mondialisation avec ses retombées économiques, politiques, sociales, entre autres, ainsi que le développement phénoménal des télécommunications, des technologies de la communication et des technologies informatiques affectent déjà chaque habitant de la planète au vingt et unième siècle. Pour comprendre, reconnaître et utiliser efficacement toutes ces évolutions en vue d’un véritable apprentissage, la culture scientifique doit imprégner la société ainsi que les pensées et les actions quotidiennes des gens ordinaires. Pour les pays africains en voie de développement qui ont été dominés et régis par des facteurs socioculturels non occidentaux, la science occidentale peut impliquer l’imposition d’une culture à une autre, à savoir le remplacement d’une vision anthropomorphique du monde à une vision mécaniste. Ce facteur, parmi de nombreux autres, sera un obstacle supplémentaire dans la course des nations africaines vers le développement. Quand nous examinons l’avènement de la science en Afrique, l’état actuel de la science scolaire à l’école en Afrique, et que nous étudions à nouveau les possibilités et les implications de tirer parti du système de pensée traditionnel africain et de la science occidentale pour développer une culture efficace pour l’Afrique du vingt et unième siècle, nous réalisons qu’il reste beaucoup à faire.
Aujourd’hui, l’idée générale que l’Afrique est en retard sur les autres continents en ce qui concerne l’offre d’enseignement des sciences et des mathématiques pour les filles diminue, bien que les avantages de l’enseignement des sciences et des mathématiques soient plus nombreux pour les femmes de certaines régions du monde connaissant un développement social et économique durable. Dans un passé récent, l’éducation et la formation des femmes en Afrique étaient généralement caractérisées par des niveaux de résultats et de réussite inférieurs à ceux des garçons, en particulier en mathématiques, en sciences et dans d’autres matières techniques, mais cela semble en train de changer actuellement ; des filles obtiennent les premières places en science dans de nombreuses écoles secondaires et d’autres établissements d’enseignement supérieur à travers le continent. C’est une bonne nouvelle.
Pour que l’Afrique puisse rivaliser sur la scène mondiale, la science et la technologie sont d’une importance capitale. Il faut par conséquent encourager l’enseignement des sciences et des mathématiques à tous les niveaux de nos systèmes éducatifs en Afrique. Il faut une collaboration adéquate pour soutenir tous les sous-secteurs des systèmes éducatifs africains, et plus particulièrement pour améliorer l’enseignement des mathématiques, des sciences et des matières techniques dans le cycle secondaire.
L’Afrique doit continuer à mettre l’accent sur le développement des capacités locales, tout en ne rejetant pas l’établissement de partenariats viables dans l’enseignement des sciences et des mathématiques.
Les questions concernant la durabilité et la création d’une masse critique d’expertise locale sont des étapes décisives dans la bonne direction. La raison d’être justifiant ce développement est qu’une communauté forte et dynamique de chercheurs et de spécialistes des curricula à ce niveau est la clé du développement continu et de l’amélioration de l’éducation de base en sciences et en mathématiques.