Communiquer sur l’Agenda du développement pour l’après 2015

Nous sommes aujourd’hui à un peu plus de six mois de janvier 2015, date à laquelle tout le monde devra entamer le processus de révision des Objectifs de développement du millénaire (ODM). À en juger par les préparations déjà en cours aux Nations unies et dans d’autres organisations importantes dans le monde, nous attendons de nouvelles opportunités pour exprimer des objectifs et des cibles claires pour les Objectifs de développement durable pour l’après 2015. Jusque-là nous avons constaté un changement de paradigme dans les objectifs et les activités du monde en développement depuis l’an 2000, date à laquelle les ODM ont été mis en place pour la première fois. Il y a également eu prolifération des médias avec de nombreuses activités « de nouveaux médias » qui continuent à se multiplier.

L'UNESCO a fait référence aux « médias » en tant que « plateformes techniques et dispositions sociales qui permettent la communication humaine, notamment au regard de questions publiques ». Les médias sont vues comme un nombre limité de plateformes et d’institutions spécialisées qui gravitent autour. A l’heure actuelle, l’Internet et les téléphones mobiles ont ouvert ce domaine aux personnes individuelles, aux groupes et à une large série d’autres organisations sociales. Il y a également une influence croissante de la société civile dans le cadre de sa participation aux questions de développement au sens large. Que ce soit dans l’éducation, la santé, l’assainissement, et d’autres secteurs du développement social, ainsi que la politique et l’économie. Dans certains milieux, les pouvoirs institutionnels luttent pour agir sur ce que nous appelons le nouveau paradigme du « pouvoir des peuples ». Des utilisateurs des médias appellent à la liberté d’expression et à son pendant, la liberté de la presse. L'UNESCO soutient que des médias libres, pluralistes et indépendants devraient faire partie du nouvel agenda du déve-
loppement pour l’après 2015.

Le fait est que le développement économique et social ne peut se poursuivre sans l’implication des médias. 

Dans le contexte africain actuel, alors que nous passons à l’élaboration de nouveaux objectifs pour le développement durable, nous continuons à être confrontés à de sérieux défis. Les crises économiques et financières mondiales exercent une forte pression sur le rôle du gouvernement en obligeant à des interventions radicales dans les économies. Simultanément, ceci a également révélé le degré d’insoutenabilité à long terme des programmes
sociaux y compris dans l’éducation. Il en va de même pour nos deux organisations partenaires du développement et les organisations de la société civile qui sont également confrontées à d’importants défis. Les sources de financement sont devenues instables alors que nous assistons à une multiplication de demandes en faveur de la responsabilisation, de la transparence et de la mesure de l’impact. Simultanément, la légitimité politique et sociale devient de plus en plus fragile. Dans ce contexte, nous voyons davantage de parties prenantes s’engager dans des efforts de développement mondial, avec une multiplication des nouvelles approches et la nécessité d’actions toujours mieux coordonnées.

Par ailleurs, le langage et l’état d’esprit ont commencé à changer avec le secteur privé sur la façon de s’attaquer à certains de nos défis du développement. De nombreux PDG, directeurs d’entreprise dans les pays africains endossent de plus en plus des rôles de leadership dans le développement, et les personnels opérationnels sont de plus en plus conscients des risques et des opportunités qui découlent des activités qui influencent des questions telles que les droits de l’Homme, la liberté d’expression, le développement social et la durabilité.

Le continent africain dit-on, enregistre un taux de croissance impressionnant avec des économies qui s’améliorent plus rapidement que celles de n’importe quelle autre région dans le monde avec au moins une douzaine de pays enregistrant une expansion supérieure à 6 % l’an depuis six ans ou plus. De ce fait, nous avons toutes les raisons de nous assurer que les Objectifs de développement durable pour l’après 2015 reflètent bien la situation actuelle. Selon l’Unesco, le terme « développement durable » s’entend largement comme une vue holistique des processus qui encouragent un lien optimal entre la croissance économique et des questions telles que la réduction de la pauvreté, la mobilité sociale, la cohésion sociale, la protection de l’environnement, l’égalité des genres, la paix et la stabilité politique entre autres. En septembre 2013, les Nations unies ont entamé une consultation publique extensive sur les futurs objectifs de développement. Plus de 200 000 personnes ont été consultées et ont donné leur avis sur le nouvel agenda du développement sur une période de plus de six mois. Ceci a engendré une forte multiplication des parties prenantes au-delà des gouvernements nationaux. En février 2014, près de 200 organisations de la société civile se sont tenues par la main pour demander au Groupe de travail public des Nations unies sur l’Agenda du développement pour l’après 2015 de mettre la responsabilisation du gouvernement et les médias indépendants au cœur du nouveau cadre pour le développement mondial.
Cependant, en dépit de ces efforts d’importantes lacunes subsistent en termes d’engagement. La société civile et le secteur privé n’ont pas été adéquatement représentées dans le Panel à haut niveau des Nations unies sur l’Agenda du développement pour l’après 2015. En outre, les impressions d’un traitement différent entre les secteurs dans le processus de consultation ont laissé beaucoup à désirer. Un autre problème a été le laxisme à impliquer de manière significative d’autres groupes vulnérables tels les communautés autochtones, les personnes handicapées, les femmes, les jeunes et d’autres personnes vivant dans la misère dont la voix absente a généré le besoin de créer un cadre cohérent pour le développement.

Nous ne devons pas mesurer le succès en termes d’inclusion et d’exhaustivité. Nous devrions également examiner de plus près et de manière critique la manière de développer des partenariats plus efficaces, avec de multiples partenaires, ainsi que des espaces d’engagement partagé au niveau local. Il faut donc mettre en place des mécanismes bien établis pour une meilleure diffusion de l’information, une meilleure communication et une meilleure coordination. À cet égard, il reste encore beaucoup à faire pour s’assurer que de véritables partenariats stratégiques se multiplient et donnent des résultats. Nos gouvernements, nos entreprises et organisations de partenaires pour le développement devraient donc être prêts à s’engager avec les organisations de la société civile et les mouvements sociaux. Ceci devrait se faire sous forme de véritables partenariats pour la mise en œuvre, s’ajoutant à la consultation en cours et à d’autres relations transactionnelles. De même, alors que le rôle des entreprises change pour être plus axé sur les éléments sociaux, et que les budgets publics influencent les accords de financement bilatéraux, la société civile et les organisations partenaires pour le développement devront nécessairement être plus ouvertes et axées sur la construction de relations qui vont au-delà du soutien financier.
Tout ceci exigera d’instaurer un sentiment de confiance entre les parties prenantes, sans nécessairement souhaiter ou attendre un alignement complet entre les partenaires potentiels. Ces partenariats devraient prendre toute leur importance lorsque les différentes parties prenantes auront la possibilité de jouer leur rôle respectif « d’agents constructifs » pour des questions importantes. Une communication ouverte obligera tous les partenaires et les participants à continuellement innover et trouver de nouvelles opportunités pour répondre aux besoins de ceux qui n’ont pas de voix. Un accent clairement mis sur le droit à l’information encouragera le développement participatif. Une meilleure qualité et une plus grande disponibilité des informations aboutiront à une meilleure allocation des ressources et à des décisions plus avisées pour tous. Les intermédiaires de l’information comme les médias, aideront les gouvernements et les populations à communiquer, organiser, structurer et comprendre les données essentielles pour le développement.

Pour voir se réaliser un véritable effort des multiples parties prenantes du développement dans ce sens, la société civile, le gouvernement, les entreprises et les organisations de partenaires pour le développement doivent continuer à chercher les moyens d’introduire plus de confiance, de transparence et de responsabilisation dans leur engagement partagé envers l’agenda pour l’après 2015. En outre, les mécanismes doivent être bien ancrés pour garantir que la responsabilisation du secteur privé dans les processus de partenariat pour l’après 2015 joue son rôle et s’assure que la collaboration intersectorielle permet de réaliser l’objectif ultime de sauver et d’améliorer la vie de centaines de millions d’Africains.